À la recherche du Fort d'Odanak
En 2010, une équipe d’archéologues s’installe sur le site du Musée des Abénakis, à Odanak. Ils sont à la recherche du village fortifié construit vers 1704 aux abords de la rivière Saint-François qui coule tout près. Sa découverte constituerait une première historique et archéologique en Amérique du Nord! En effet, il s’agit de la seule fortification commandée par le roi de France Louis XIV, construite par un contingent militaire français et abénakis, puis habitée par une population autochtone.
Les archéologues avaient précédemment étudié soigneusement les cartes anciennes et récentes ainsi que les sources historiques traitant de la présence des Abénakis à cet endroit au début de la période coloniale. Sur le site, ils effectuent une prospection archéologique sur plusieurs aires de recherches, pour trouver des indices de la présence du fort dans le sol. Toute la démarche scientifique de cet important projet archéologique, appelé Fort d’Odanak : le passé revisité, a su tenir ses promesses : des vestiges révélateurs du village fortifié ont effectivement été mis au jour au fil des quatre années de fouilles.
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Transcription
Geneviève Treyvaud : Je m'appelle Geneviève Treyvaud, je suis archéologue, spécialiste de la période de contact, donc la période où on commence à voir les premiers contacts entre les Européens et les Amérindiens. L'idée a fusionné en 2005, donc moi, je travaille beaucoup sur les Peuples de l'est, donc Abénakis, Micmacs et Malécites et mon intérêt est venu avec la fortification qui date de 1704. Donc, on a trouvé une carte d'un fort et puis, donc, cette carte on a pu prendre possession de cette carte-là, regarder enfin une copie, donc on a essayé de voir ou est-ce qu'il pouvait être situé sur la rivière Saint-François en faisant de la superposition de cartes et puis là, en 2011, on a commencé en octobre 2011, à faire de la recherche ici, donc sur le plateau ici, de ce qu'on dit le quadrilatère historique d'Odanak et c'est là qu'on s'est aperçu, on trouvait des vestiges et des artefacts qui dataient de la période du Fort, donc du début du 18e siècle.
G.T. : Les fouilles à aire ouverte ont commencé cet été, donc en 2012. Nos plus belles découvertes jusqu'à date, c'est naturellement les trous de poteaux qui nous font penser qu'on est vraiment près de la palissade et à l'intérieur du Fort. On aimerait vraiment être capable de retrouver les restes des vestiges de la première église, là on pense avoir un mur maçonné, mais pour le moment on n'est pas encore, on n'a pas encore le reste de l'église.
G.T. : Au niveau des artéfacts, on a trouvé, naturellement, ce qui a aidé beaucoup, c'est une pièce de monnaie qui date, un liard français, qui date de 1657. On trouve beaucoup, aussi, de cônes clinquants, donc c'est typique de la période, en faite on a trouvé des foyers où on a travaillé du cuivre, donc on prenait des chaudrons de cuivre, on découpait des parties de cuivre, donc on a retrouvé ces parties de chaudrons, des morceaux de cuivre, qui ont été, en faite, travaillés en forme de cônes qui servaient en faite à faire un espèce de grelots après les vêtements et après les cheveux. On trouve aussi des perles de traites, donc on sait qu'il a été témoin de traite de fourrures aussi à l'intérieur de la fortification.
G.T. : Les fouilles vont se poursuivre l'été prochain, pour une dernière année et suite à ça, on va faire une exposition. Donc, une exposition qui va porter, non seulement sur le projet de l'archéologie, mais aussi sur le projet éducatif du projet c'est-à-dire que l'équipe est composée de jeunes Abénakis et d'étudiants de l'université Laval.
Michelle Bélanger : Le volet communautaire qu'on a voulu ajouter au volet scientifique pour nous était très important. En fait, c'est de s'assurer que les gens de la communauté s'approprient le projet archéologique et la meilleure façon de le faire c'était d'impliquer des jeunes comme apprentis archéologues. Lorsque le projet a débuté, donc la première semaine de formation le 3 juillet, on avait sept jeunes de la communauté. Ils ont suivi, la première semaine, de la formation théorique de la part des archéologues pour savoir comment fouiller et une formation aussi iconographique, une formation plus sur la culture matérielle, donc être capable d'identifier des objets.
M.B. : À travers le projet, ils découvrent leur culture, leur histoire, le patrimoine et leurs racines. Donc aussitôt qu'une découverte qui est faite, on leur explique à quoi servait l'objet et ils s'imaginent vraiment comment vivaient leurs ancêtres. L'autre volet qui est aussi important, c'est que pour la première fois, ce ne sont pas des scientifiques qui viennent à Odanak pour étudier en faite le passé de la communauté et repartir avec ces informations-là.
G.T. : Tout ce qui est de la culture matérielle ou l'assemblage archéologique qu'on a trouvé, donc les objets, etc. vont être de retour ici au printemps pour une exposition et puis on devrait être retour ici au mois de mai, à partir du mois de mai, pour pouvoir recommencer les fouilles.
M.B. : Le projet de fouilles archéologiques peut être suivi en direct grâce au site internet, donc découvrir à tous les jours, au niveau des fouilles archéologiques et pendant l'hiver il sera possible de découvrir le travail des archéologues, travail de recherche. J'invite tout le monde à venir voir à l'œuvre cette équipe-là qui recherche le Fort d'Odanak ou sinon sur internet c'est possible également de suivre les activités du Musée.
