L'archéologie ça se vit en équipe

Le projet de recherche archéologique Fort Odanak : le passé revisité comportait un volet éducatif important. L’équipe de fouilles était composée de jeunes étudiants de la communauté abénakise, accompagnés de deux étudiants à la maîtrise de l’Université de Montréal et de l’Université Laval. Deux archéologues, Geneviève Treyvaud et Michel Plourde, supervisaient les travaux.

La première semaine a été consacrée à la formation des étudiants et apprentis fouilleurs. Celle-ci englobait différents sujets, dont des connaissances générales sur l’archéologie, l’histoire, la préhistoire, la méthode de travail, les matériaux archéologiques, les dessins techniques ainsi que le traitement des artéfacts. Les étudiants préparaient ensuite le matériel de fouille pendant que les archéologues délimitaient, à l’aide de cordage, le site des différentes interventions extérieures. La campagne de fouilles archéologiques était alors prête à démarrer…

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Transcription

Julie Desaulniers : Je suis avec Geneviève Treyvaud, archéologue responsable du chantier de fouilles au Fort Odanak qui nous donne quelques informations sur le projet.

Tout d'abord, ma question qu'est-ce que le Fort Odanak ?

Geneviève Treyvaud : Alors le Fort Odanak c'est une fortification du début du XVIIe siècle qui a été fait par le roi de France pour protéger, en faite, ses alliés Abénakis, donc c'est un fort construit un peu, si on peut dire, style à la française, où on a vraiment fait une palissade avec quatre bastions et on a installé le village amérindien des Abénakis à l'intérieur de la fortification.

Puis qu'est-ce que le projet Fort Odanak ?

G.T. : Alors le projet Fort Odanak c'était justement de documenter cette fortification qu'on connait très très peu. En faite, on connait très peu l'histoire des Abénakis sur la rivière St-François et l'occupation du territoire de la rivière St-François par les Abénakis. Donc on sait que vers 1650, c'est documenté par les Jésuites, on sait qu'il y a une présence des Abénakis sur la rivière St-François, mais on sait pas où sont les sites, on ne sait pas comment ils vivaient, on ne sait pas non plus, on a un plan de la fortification, donc l'histoire du projet a commencé avec un plan de la fortification qui a été fait par Levasseur de Néré en 1704, et c'est ce plan-là qui nous a vraiment dit « bon ben, ça y est, il faut faire quelque chose sur la rivière St-François, on a un beau plan, il faut vérifier si on peut retrouver cette fortification ».

Justement, les fouilles archéologiques ont débuté en 2012 ?

G.T. : Oui, alors, en faite, ce qui est arrivé, c'est qu'en 2011, on a commencé par faire des sondages, donc des sondages, c'est-à-dire des petits carrés de 50 cm, un petit peu partout, ici à Odanak, pour essayer de retrouver des vestiges qui pourraient être liés à l'occupation du Fort, et c'est en 2012, après avoir trouvé des sondages qui étaient positifs, qu'on a commencé à faire une campagne de fouilles.

Donc, qu'est ce qu'on cherche cette année ?

G.T. : Alors cette année, on sait que retrouver la palissade en tant que telle pour faire tout le pourtour du Fort ce serait un travail absolument incroyable, donc on a préféré cette année, étant donné qu'on sait qu'il y a eu quand même quelques travaux qui ont été faits sur le quadrilatère historique ici, donc on sait qu'il y a plusieurs éléments de palissades qui vont manquer, donc on a décidé cette année de vraiment essayer de comprendre l'intérieur de la fortification en fouillant justement peut-être cette maison longue qu'on aurait trouvée ici, donc avec plusieurs fosses, vraiment comment vivaient les gens tous les jours, qu'est-ce qu'ils mangeaient, qu'est-ce qu'ils fabriquaient, comment se passait en faite la vie de tous les jours et ce qu'on appelle aussi le schème d'établissement, c'est-à-dire comment à l'intérieur du Fort on se déplaçait. On se trouve, donc on parle d'un Fort, à peu près en 1706, mais on parle d'une mission fortifiée, donc une mission palissadée un petit peu avant, et ce qui est intéressant c'est que là on a trouvé, non seulement des objets du XVIIIe siècle, mais vraiment on a trouvé des couches très intéressantes du XVIIe siècle. Donc on couvre vraiment XVIIe et XVIIIe avec des perles, mais des perles faites avec des coquillages, des coquillages qu'on retrouve sur la côte américaine, dans la région du Maine, de Boston, New-York, etc. On a retrouvé des outils pour faire ces perles aussi, on a retrouvé des perles en os et, quelque chose d'extraordinaire aussi, on a deux pierres à fusils françaises, en silex, retouchées en perçoirs. Donc ça, c'est très très rare de retrouver ça, on a aussi quelques éclats qui démontrent qu'on a eu un travail de la pierre, un travail lithique sur la pierre ici.

G.T. : On a commencé à trouver plusieurs, si on peut dire, traces de piliers, donc maintenant on a vraiment trois sortes de piquets qui sont reliés à, différents pieux, reliés à différentes structures, dont on retrouve dans la fortification. Alors on a vraiment des piliers, qui sont en fait des traces de piliers, on appelle ça des piliers parce qu'ils ont entre 25 et 30 cm de diamètre. Donc et ça, on a une espèce d'alignement, là-dessus, on les retrouve à peu près entre.. à quatre mètres les uns des autres, donc on a entre trois et quatre mètres les uns des autres, ces piliers, qu'on retrouve, donc nous on associe ça à, vraiment, à des éléments de la palissade, ce sont des gros piliers, donc des piliers de structures pour tenir quelque chose de quand même très très grand et puis à côté, on  a ces petits pieux qu'on retrouve, qui sont enfoncés dans le sable et en plus les pieux, et en plus des piquets qui sont vraiment, eux, associés à la maison longue, en fait la maison longue qu'on est en train de fouiller.

  • Photographie couleur des membres de l'équipe d'archéologie assis sur un balcon.
  • Photographie couleur d'apprentis-archéologues debouts, regardant l'illustration d'un liard français, tenue par l'archéologue.
  • Photographie couleur des apprentis-archéologues, en train de fouiller le sol.
  • Photographie couleur des membres de l'équipe d'archéologie, certains sont debouts, d'autres creusent le sol.
  • Photographie couleur de quatre apprentis-archéologues accoudés sur une barrière de métal.
  • Photographie couleur de tous les membres de l'équipe du projet Fort d'Odanak. Tous arborent un chandail rouge.
  • Photographie couleur de cinq apprentis-archéologues qui travaillent dans un puit de fouille. Tous portent un chandail rouge.
  • Photographie couleur, vue de haut, des membres de l'équipe de fouilles archéologiques lors d'un sondage.
  • Photographie couleur, vue de haut, des membres de l'équipe de fouilles archéologiques lors d'un sondage.
  • Photographie couleur de trois jeunes femmes. Elles sont souriantes et affichent un pouce levé.
  • Photographie couleur de plusieurs apprentis-archéologues fouillant le sol en ligne très droite.
  • Photographie couleur d'un apprenti-archéologue lors de la découverte d'une partie d'un fourneau de pipe.