Conflits et déchirements
Dès le milieu du 17e siècle, l’accès des Abénakis aux territoires de chasse pour la traite des fourrures provoque des conflits avec les Iroquois et les Anglais. Non seulement les hostilités font plusieurs victimes, mais les Abénakis perdent peu à peu leur territoire. Des groupes de cette Première Nation remontent alors vers le nord et s’installent le long des rivières Chaudière, Bécancour et Saint-François, ainsi que sur les abords des lacs Champlain et Magog.
Vers 1665, la colonisation anglaise au sud du territoire des Abénakis pousse ces derniers à entreprendre des pourparlers avec les Français pour nouer des alliances, comme le font également les Micmacs à la même époque. Ces nouvelles associations ne font toutefois pas l’unanimité dans les différents groupes abénakis, qui sont divisés : certains prennent parti pour les Anglais, d’autres pour les Français. Ces tensions internes accéléreront les conflits frontaliers entre la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre.
Les Abénakis situés plus à l’ouest commencent eux aussi à cette époque à se déplacer vers le Canada. Cette migration deviendra un exode important à la suite de la guerre du roi Philippe – King Philip’s War — en 1675-1676, qui modifie les frontières. Ainsi la présence abénakise disparaît dans la partie méridionale du territoire, notamment au Massachusetts et au Connecticut.
Les Abénakis font désormais face à une situation critique. Les Anglais se montrent intransigeants et ne veulent pas reconnaître leurs terres; ils empiètent d’ailleurs de plus en plus sur leurs territoires. Les Abénakis doivent donc faire face à la réduction constante de leur base de subsistance. Ils se voient forcés d’abandonner leur neutralité pour combattre sur deux fronts : contre les Anglais à titre d’alliés des Français, et pour la sauvegarde de leurs propres terres.