Les intervenants
Les jésuites
La Compagnie de Jésus est l’une des plus importantes communautés de l’Église catholique. Reconnus officiellement à Rome par le pape Paul III en 1540, ces compagnons, qu’on appelle « jésuites », ont la réputation d’être les intellectuels de l’Église. C’est qu’ils reçoivent une formation de quinze ans, au cours de laquelle ils étudient les sciences, la théologie et la philosophie. Le sceau de la Compagnie est composé des lettres IHS (l’abréviation de Jésus en grec), inscrites au-dessus de trois clous, symbole de la crucifixion.
Les jésuites sont des missionnaires qui voyagent alors aux quatre coins du globe : d’abord sur les routes d’Europe puis, au fur et à mesure que les empires européens étendent leurs colonies, en Asie, en Afrique puis en Amérique. Dès cette époque, les jésuites font office d’éducateurs auprès des populations autochtones.
En Nouvelle-France et en Acadie, les jésuites sont les premiers religieux à construire des missions et à s’y installer. Ils parcourent l’Amérique pour transmettre leur savoir. Ils enseignent les langues, le calcul, l’hygiène et font connaître les technologies européennes. Ils ont recours au chant, à la prière et au théâtre. Leur méthode de conversion à la religion catholique s’appuie sur la peur de l’Enfer.
Les Français
Au 16e siècle, la Nouvelle-France est une colonie-comptoir servant à la pêche et la traite des fourrures. Ce n’est qu’en 1600 que le premier comptoir commercial permanent ouvre à Tadoussac, au confluent de la rivière Saguenay et du fleuve Saint-Laurent. À partir de 1603, les colons s’établissent en Nouvelle-France et la traite des fourrures devient, dès lors, la principale activité économique. Elle consiste en un vaste système d’échanges de biens, mis en place entre les marchands européens et les autochtones d’Amérique. Les fourrures sont en effet très prisées en Europe. Sur cet immense territoire inconnu des marchands, ce commerce ne peut se faire sans la participation assidue des Premières Nations.
Vers le milieu du 17e siècle, les escarmouches entre les groupes autochtones et les Européens s’accentuent pour mener les Français à la guerre contre les Iroquois. La destruction des villages hurons, les épidémies d’origine européenne et la présence des Iroquois le long du Saint-Laurent et de ses principaux affluents repoussent les Algonquins vers le nord.
Le roi Louis XVI envoie, en 1665, le régiment Carignan-Sallières pour construire une série de forts sur la rivière Richelieu et sur les rives du Saint-Laurent : il veut ainsi contrer les Iroquois et pacifier la vallée du Saint-Laurent jusqu’aux Grands Lacs. Aussitôt la paix revenue avec les Iroquois, la traite des fourrures s’intensifie en raison de la présence de la Compagnie des Indes et de nouvelles ententes avec des groupes amérindiens de l’Ouest et du Nord.
En 1668, l’arrivée des Anglais à la Baie-James et la fondation de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) motivent les Français à implanter des postes de traite et de petites fortifications — comme le Fort Abénakis — à l’intérieur des terres, à la jonction des voies navigables. Ces constructions empêchent que les meilleures fourrures soient échangées avec les Anglais ; elles permettent, par ailleurs, de repousser les intrusions des Anglais et de leurs alliés iroquois en Nouvelle-France et en Acadie.
Les Anglais
C’est en 1607, à Jamestown en Virginie, que s’installe la première colonie anglaise en Amérique du Nord. La majorité des colons venus sur la Côte Est de la Nouvelle-Angleterre sont des Anglais, mais il y a également des Hollandais, des Suédois et des Allemands, qui ont adopté l’anglais comme langue commune. En 1690, la Nouvelle-Angleterre compte plus de 250 000 habitants; en 1775, plus de deux millions. Contrairement aux colonies françaises, celles de la Nouvelle-Angleterre, dès leur installation, disposent d’une grande autonomie administrative par rapport à la métropole. Chacune des colonies a un gouvernement local et son propre système législatif, ce qui a un impact sur les populations autochtones. En général, les colons anglais entrent en conflit avec l’ensemble des groupes des Premières Nations, sauf avec les Iroquois qui, dès le milieu du 17e siècle, sont leurs alliés. Avec la disparition de leurs ressources, les peuples autochtones sont alors confrontés à des choix difficiles : mourir, faire la guerre ou quitter leurs territoires ancestraux. Comme ils ne se laissent pas réduire à l’esclavage par les Anglais, ceux-ci décident de les exterminer. Par la suite, les Américains poursuivent l’éviction des autochtones jusqu’à un quasi génocide. Dès 1806, les survivants des différents peuples des Premières Nations sont déportés et intégrés au système de « réserves ».
Les Abénakis
Les Abénakis font partie du groupe autochtone nord-américain appelé Wabanaki. Ce nom désigne les peuples de l’Est : en effet, Wabun ou Waban veut dire « l’Est » ou « le soleil levant » et Aki veut dire « la terre ». Selon les données archéologiques, ce peuple habite cet immense territoire depuis la préhistoire, plus précisément depuis la fin de l’Archaïque et le début du Sylvicole. Les Abénakis sont rapidement en contact avec les Européens et participent activement aux réseaux d’échange de la traite des fourrures. Cependant, l’arrivée des colons français et anglais sur leur territoire provoque des changements majeurs dans leur mode de vie, notamment pour ce qui est des déplacements et des établissements ainsi que pour l’utilisation de leur territoire.